La grande muraille

21 octobre 2005

6h00 tapantes le taxi est là; taxi?? Oui, mais pas de ces voitures à deux couleurs, une vraie berline noire, une presqu'Audi - presque, car si certains logos figurent sur l'aile, le coffre...le chauffeur nous avoue avoir procédé à certains ajouts commercialement embellisseurs...

Nous traversons l'interminable Beijing, puis direction l'autoroute sur laquelle au terme d'un très court délai nous offrons un spectacle des plus affligeants : le manque de sommeil a eu raison de nous et, de l'avant vers l'arrière, nous avons : un Philippe qui ronfle sans gêne, un Didier dont la tête oscille de gauche à droite, et une Béatrice qui dort bouche ouverte...

Nous sommes donc en pleine forme lorsque la voiture stoppe à Mùtianyù, sur un parking désert. La grande muraille sera pour nous seuls en ce début de fraîche matinée, sous le plus bleu et le plus pur des cieux.

Petit détour historique : la grande muraille fut érigée progressivement, sur une période de 2500 ans pour atteindre près de 10.000 km au plus fort de sa grandeur, voies accessoires comprises. Actuellement, il en subsiste plus de 6500.

L'embryon de la muraille apparaît dès le IXè s av J.C, lorsque des murs défensifs avec tourelles voient le jour, sous l'impulsion de l'empereur Xuandi.

Avec les Royaumes Combattants (475-221 av J.C) des seigneurs du Nord édifient de nouvelles fortifications en terre pour délimiter et protéger leurs territoires.

C'est sous Qin Shi Huangdi (celui qui fut enterré avec son armée de terre à Xi'an) soit entre 221 et 206 avant J.C. que la Chine est unifiée et que les portions de remparts sont reliées entre elles pour ne former qu'une immense muraille. L'empereur met également en oeuvre un colossal projet d'extension.

Les empires suivants poursuivront l'extension jusqu'en 220 ap J.C, et les crêtes des montagnes se verront progressivement habillées de nouveaux remparts et tours.

Le regain d'intérêt pour la muraille a lieu, après une phase de déclin, sous la dynastie des Ming (1368-1644), où les "talus" sont fortifiés, réédifiés et doublés.

Système de défense complet avec ses tours de guet, ses tours de feux de signalement, l'organisation militaire nécessaire à son utilisation, la grande muraille a été créée pour lutter contre les invasions des Mongols du Nord et des Tartares.

Elle n'empêchera pas l'invasion de la Chine et la prise de Pékin par Gengis Kahn en 1215, mais cette fois, ce n'est pas le principe de la muraille qui est mis en cause, puisque l'envahissement est dû à la corruption, au soudoiement et à la trahison de certaines garnisons.

La muraille jouera un rôle important dans les échanges culturels et commerciaux entre le Nord montagneux et pauvre et les riches plaines du Sud. A partir du IIè s ap J.C, la route de la soie l'empruntera, bénéficiant ainsi de protections militaires.

Les matériaux évoluent avec les périodes : des premiers murs de terre (300 millions de m3??), on passe aux briques crues puis cuites (des fours ont été récemment découverts à proximité de la muraille), et à la pierre. Les briques/pierres sont progressivement scellées au mortier.

Pour mener à bien sa campagne de construction, qui durera 10 ans, Qin a enrôlé nombre de soldats, des paysans, des voleurs... - on parle de 300.000 hommes...qui vont travailler au péril de leur vie sur les versants abrupts de montagnes hostiles.

La légende indique que la muraille est le plus grand cimetière du monde, et que chaque pierre a coûté une vie humaine : nombre de squelettes ont été découverts à proximité de l'ouvrage...

Pour finir, ce site a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1987 et est considéré comme la huitième merveille du monde.

N'imaginez pas toutefois l'apercevoir lors d'un prochain voyage lunaire, la NASA a formellement démenti cette fiction (si vous embarquez dans un satellite en orbite autour de la terre, là, oui, vous aurez toutes vos chances !!)

Fin de ce rappel...

Fainéants, nous prenons le téléphérique qui nous mène à la tour 10, et là, nous sommes seuls au milieu de cette immensité, et c'est une impression extraordinaire.

Allons nous à droite ?

ou à gauche?

Nos 30 km de vélo de la veille se font encore ressentir dans nos mollets et l'idée des nombreuses marches à gravir pour monter vers l'ouest nous rebutant, nous choisissons la facilité : nous rejoindrons tranquillement le télésiège à quelques tours d'ici ...

Le paysage est grandiose et nous profitions de ces instants sereins.

Nous avions cru à une promenade facile, mais les marches sont omniprésentes, et inégales; elles nous offrent toutefois un siège fort appréciable !

Pour la descente, les garçons optent pour le toboggan

Tandis que le télésiège me permet d'admirer l'ouvrage une dernière fois.

Retour sur la terre ferme : les nombreuses échoppes sont maintenant ouvertes, les parkings emplis de divers véhicules, et les touristes se sont lancés à l'assaut des marches. Il faut reconnaître qu'au fil du temps, les groupes sont apparus sur les remparts, essentiellement des touristes chinois à casquettes jaunes ou bleues, suivant leur accompagnateur au drapeau.

Sur le chemin du retour, le chauffeur nous propose un arrêt dans un temple; celui-ci fait partie d'un grand complexe, très touristique et parfois kitch. Nous visitons le temple, toujours en activité, mais n'aurons pas les jambes prêtes pour affronter les 256 marches menant à la pagode...