Un pays qui s'ouvre??

Pour nous, ni l'évènement ni le lieu n'étaient des mystères : nous avions remarqué les grandes affiches publicitaires relatives à l'évènement.

Miss Monde a été élue samedi soir à Sanya; entre de multiples participantes à la tête bien pleine et aux formes bien faites, l'Islandaise a remporté la couronne.

Sanya?? Une ville au sud de la seule île tropicale chinoise, Hainan, où nous venons de passer 4 jours à nous prélasser au bord de l'eau en dévorant les polars généreusement prêtés pour l'occasion.

Pas sollicitée pour l'occasion, j'étais dans l'avion qui me ramenait vers Shanghai à l'heure où les jeunes beautés montaient les marches du podium.

Une semaine sans informations ni connexions : le monde semblait bien calme vu de ma fenêtre avec vue sur mer !!

Et pourtant...

Nous avions débuté nos vacances par la visite de Guangzhou, dans la province du Guangdong. Oui, c'est bien la province dans laquelle se situe le village de Dongzhou, où le 6 décembre,  la police anti émeutes a ouvert le feu sur la population en colère !

Où sont passées les belles déclarations sur l'ouverture, l'être humain, les droits de l'homme et la nécessité d'un rapprochement des points de vue sino quelque chose sur ces sujets ???

Madame Harbour doit se mordre les lèvres des encouragements adressés à la Chine il y a peu...

Et pendant ce temps? Alors que des Villageois se faisaient maltraiter et mouraient des suite de la répression de militaires au moins aussi nombreux qu'eux (plusieurs centaines contre 150 manifestants !!!), Kofi Annan était reçu dans ce vaste pays au drapeau rouge étoilé, visite dont les hauts dignitaires s'enorgueillissaient " source Ambassade Chine au canada Dans l'après-midi du 29 novembre 2005, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao a présidé une conférence de presse. Liu Jianchao : Bonjour, tout le monde. Je voudrais d'abord vous annoncer une nouvelle. À l'invitation du gouvernement chinois, le Secrétaire Général de l'ONU Kofi Annan effectuera, du 4 au 7 décembre, une visite officielle en Chine. Il s'agit de la 7e visite en Chine de M. Annan depuis qu'il est devenu Secrétaire Général de l'ONU. Les deux parties procéderont à des échanges de vues sur les questions internationales et régionales d'intérêt commun et la coopération entre la Chine et les Nations Unies.

Je ne trouve aujourd'hui que RFI qui m'indique  "Visite du secrétaire général des Nations Unies. Kofi Annan est reçu par le président chinois, le vice-ministre des Affaires étrangères, le vice-Premier ministre (chargé notamment du dossier de la grippe aviaire) et par des étudiants de l'université de Pékin. sources : com Onu 30.11.05, prev reuters 30.11.05 ...Le secrétaire général des Nations Unies arrive en Chine, première étape d'une tournée qui va le mener ensuite en Corée du Sud (7-9), au Japon (9-12), à Hong Kong (où il assiste à l'ouverture des travaux de l'OMC) puis au Vietnam (14-16).sources : com Onu 30.11, afp 30.11.05"

Nulle mention des déplacements de Monsieur Annan ni des conclusions qui ont pu se dégager de cette visite sur les médias de l'araignée Web !

La conférence de presse du 29 novembre était toutefois très intéressante : un journaliste a posé la fatidique question : Pouvez-vous nous donner les dernières nouvelles sur la visite en Chine du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture ?

Je vous laisse savourer la réponse, qui laisse bien sur un goût de trop peu et sans saveur : M. Manfred Nowak, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, est toujours en visite en Chine et y restera jusqu'au 2 décembre. Jusqu'à maintenant, il a eu des entretiens et des rencontres avec des responsables du Ministère des Affaires étrangères, du Ministère de la Justice, du Ministère de la Sécurité publique et du Parquet populaire suprême. Il a visité des établissements pénitenciers et a eu des discussions avec des représentants des ONG, des avocats et des chercheurs. D'après les informations dont je dispose, la visite s'est déroulée dans de bonnes conditions.

Dans le cas d'espèce, à Dongzhou, il n'y a pas passage par la case prison...

Pour ceux qui ne savent toujours pas : source Le Monde du 10 /12/2005 "Des milliers de policiers chinois sont déployés depuis plusieurs jours aux alentours d'un village de la province du Guangdong pour procéder à des arrestations à la suite d'affrontements meurtriers avec des habitants mécontents des indemnités versées pour leur expropriation, ont rapporté des témoins, jeudi 8 décembre. D'après des habitants, la police anti-émeute a ouvert le feu, mardi 6 décembre, sur des manifestants dans le village de Dongzhou, dans le sud de la Chine. Les habitants protestaient contre la faiblesse des indemnités reçues en échange de leurs terres, réquisitionnées pour la construction d'une centrale électrique.D'après les estimations des habitants et des organisations de défense des droits humains, le bilan de cette répression oscillerait entre deux et vingt morts. "Maintenant, les autorités sont dans le village pour procéder à des arrestations", a déclaré un villageois, qui affirme avoir perdu un frère dans ces manifestations. "Mes parents et ma belle-sœur sont à genoux devant la maison pour réclamer aux responsables gouvernementaux des explications sur la mort de mon frère", a-t-il ajouté, dans un témoignage recueilli par l'agence Reuters. Il estime à plus de dix le nombre de morts et affirme que des cadavres sont étendus dans les maisons. Selon l'agence américaine AP, les habitants de Dongzhou, choqués, vivent aujourd'hui dans un état de siège et de peur, privés de nourriture par les forces de l'ordre et empêchés de circuler librement.D'après Amnesty International, c'est la première fois depuis 1989 que la police chinoise ouvre le feu sur des manifestants. "La dernière fois que la police a utilisé des armes à feu contre des manifestants, c'était en 1989", a affirmé Chine Chan, responsable de la Chine à Amnesty International, en allusion à la répression des manifestations démocratiques du printemps 1989. Selon elle, beaucoup de jeunes villageois ont fui pour échapper à la vague d'arrestations.

Des habitants rapportent que des milliers de policiers en armes ont érigé des barrages sur les routes des environs pour arrêter toute personne soupçonnée d'implication dans les émeutes. "Beaucoup de familles ont fui le village. Nous sommes tous effrayés. Personne n'ose sortir le soir", raconte un villageois.

Les habitants de Dongzhou accusent les dirigeants locaux de détourner à leur profit les indemnités versées par le gouvernement en échange des terres destinées à la construction de cette centrale éolienne, sur la côte orientale de la province du Guangdong, le long de la mer de Chine. D'après Amnesty, des manifestations ont lieu depuis le mois de septembre, les villageois se plaignant d'expropriations forcées et certains pêcheurs craignant pour leur activité.

Article de dimanche Source Yahoo APsb/v/ll/v0300... "Samedi, l'agence officielle Chine nouvelle, citant un responsable local, avait affirmé que plusieurs centaines d'habitants armés de couteaux, barres de fer, explosifs et cocktails incendiaires avaient attaqué une centrale électrique mardi et s'en étaient pris à la police en "violation grave de la loi". Les policiers, poursuivait l'agence, ont été "contraints d'ouvrir le feu", faisant trois morts et huit blessés (...) Selon le gouvernement, le mouvement de protestation a pour origine des terres prises pour la construction d'une centrale électrique à éoliennes. Les habitants mentionnent eux une autre centrale, à charbon. Plusieurs témoins, s'exprimant sous couvert de l'anonymat par peur des représailles, expliquent que la fusillade a débuté mardi soir vers 18h. Des coups de feu sporadiques ont été entendus toute la nuit, pendant une douzaine d'heures."Nous étions terrifiés. Nous sommes tous restés à l'intérieur", dit un paysan vivant à proximité. "Même maintenant, nous restons tous chez nous à la nuit tombée". Une femme dit avoir entendu des gens crier "sauvez moi, sauvez moi!".De telles tensions en milieu rural devant ces cas d'expropriations brutales ou guère indemnisées s'accroissent en Chine au fur et à mesure de l'industrialisation galopante. Le gouvernement a reconnu lui-même que plus de 70.000 conflits de ce type avaient été recensés en 2004. AP"

Aujourd'hui, le responsable des forces de l'ordre est sous les verrous : rassurant?? Pas si sur...

De plus, selon la bonne coutume, les corps ne sont pas remis aux familles qui supplient de les restituer et sont emmenés on ne sait où. Sans doute dans l'attente du versement du prix de la balle???

Pas zouli zouli tout ça ...